Contexte :
Enseigner en REP c’est aussi faire face à la fracture numérique : au delà de la question de l’accès par manque d’équipement, le gros problème d’une grande partie de mes élèves (et des familles) est l’usage restreint qu’iels ont du numérique puisqu’il concerne essentiellement le divertissement.
Alors amener mes élèves sur l’ENT ce n’est pas une chose aisée et mes nombreuses tentatives pour engager mes élèves grâce à cet outil institutionnel ont été vains. Par contre, les réseaux sociaux et notamment TikTok faisaient régulièrement irruption lors de leurs interventions en classe, de leurs discussions voire de leurs conflits.
Aussi, j’ai décidé d’aller sur leur terrain pour mieux les ramener vers les enseignements et l’ENT.
Un échange préalable avec ma Direction
En tant que RUPN, il m’a fallu longtemps avant de franchir le pas. Utiliser un outil de communication qui n’est pas celui officiellement utilisé par mon établissement, évidemment pas du tout RGPD et même interdit aux moins de 13 ans aurait dû suffire à me détourner de cette idée… Mais non, j’étais trop tentée par l’envie d’expérimenter et cela ne serait bien évidemment pas une obligation pour mes élèves, qui avaient par ailleurs l’ensemble des ressources dans l’ENT. Mes publications sur les réseaux sociaux ne viendraient qu’en plus, pour hameçonner mes élèves si éloigné.e.s des outils institutionnels !
L’étape préalable et indispensable : avoir l’aval de mon chef d’établissement. Après avoir explicité ma démarche et mes espoirs dans cette expérimentation, il m’a donné son accord et a même sollicité un retour quand j’aurais suffisamment de recul.
Beaucoup de collègues ont essayé de me dissuader, notamment à cause du risque de commentaires désobligeants, de vagues de haine que les réseaux peuvent apporter.
Voici donc mon partage de pratique et un premier retour sur ces quelques semaines d’expérimentation (Je n’ai pas encore repris l’usage des réseaux sociaux cette année, la rentrée dans notre établissement a été très difficile et je n’ai plus ma salle ce qui a vraiment compliqué mon quotidien).
Des stories pour réviser
L’une des possibilités que j’ai exploitée est l’utilisation des publications ou stories pour revoir des éléments faits en classe ou pour inciter mes élèves qui ont une évaluation à préparer à se rendre sur le pad de révision .
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Des stories pour susciter la curiosité
J’ai aussi utilisé les stories comme teaser pour donner envie aux élèves d’arriver en cours de sciences, d’imaginer ce sur quoi nous allions travailler, d’éveiller leur curiosité.
Des stories pour engager mes élèves en leur posant des questions
L’avantage des stories par rapport aux publications classiques est qu’il est possible d’ajouter des capsules facilement pour que la personne qui la visionne puisse répondre (sous forme de texte mais aussi de curseur de satisfaction, de QCM…)
Des stories pour faire office de cahier de texte ...
Plusieurs de mes élèves ne consultent quasiment jamais l’ENT et ne notent pas plus leurs devoirs dans leur agenda… Leur cartable est souvent déposé en arrivant et repris le lendemain sans avoir été ouvert… alors pouvoir les toucher pour leur rappeler le travail à faire à la maison, c’est une opportunité très intéressante pour moi.
@nos_cours_de_svt Lien : https://learningapps.org/watch?v=pxkj60cbc22
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Mon analyse de cette expérimentation
Points positifs :
Passer par les réseaux sociaux utilisés par mes élèves m’a permis d’engager des élèves très éloigné.e.s des enseignements. Parfois simplement par le fait d’échanger avec moi sur les contenus et de créer une relation, parfois en amenant les élèves à réaliser du travail et/ou des révisions chez eux alors que ce n’était pas le cas sans ces média.
Je n’ai eu aucune dérive liée aux réseaux sociaux : ni commentaires déplacés, ni sollicitations inadaptées, ni utilisation de téléphone interdite à cause de cela. Je n’ai eu aucune remarque des parents non plus.
Points négatifs :
Créer ces contenus est très chronophage. Pas forcément par la tâche en tant que telle car elle se fait en quelques clics. Mais plutôt au fait de devoir trouver ce qui sera pertinent, penser à faire des photos pour illustrer, suivre les échanges … L’objectif de ces comptes est vraiment de faire travailler mes élèves et non pas de montrer ce que nous faisons ensemble. Comme pour une activité pédagogique classique, il faut du temps de réflexion. Et puis il faut ensuite la partager sur plusieurs plateformes ayant chacune ses caractéristiques. Je fais beaucoup de choses par ailleurs et j’ai dû stopper en cette rentrée car je n’avais pas le temps de faire les choses correctement.
Suivie sur les réseaux sociaux par pas mal de collègues, j’ai aussi eu le soucis d’avoir beaucoup de followers qui étaient des collègues et non pas mes élèves. J’ai donc choisi de créer un autre compte Instagram à destination des enseignant.e.s où je partage quelques unes de mes ressources (il porte le même nom que le groupe Facebook que j’ai créé et que j’anime : pédagogies actives en sciences).