Contexte :
Réaliser un dessin d’observation est une activité très intéressante pour des élèves de 6è. D’abord parce que cela travaille l’observation, la communication et le respect des consignes mais aussi parce que c’est un très bon moyen de montrer aux élèves que le constat “je suis nul.le en dessin je ne vais pas y arriver” peut facilement être dépassé. Pour mes élèves qui peuvent manquer de persévérance, de confiance en elleux et de méthode, c’est un très bon levier pour faire bouger ces lignes.
J’ai testé beaucoup de choses, essayé plusieurs approches. Je vais dans cet article, vous partager les pistes que j’ai abandonnées et pourquoi et vous indiquer comment je fonctionne actuellement.
Les pistes abandonnées ...
Une grille d’évaluation très détaillée :
Bien utile au départ pour identifier les différents critères, elle a malheureusement le défaut de ne pas hiérarchiser les éléments importants et de trop découper en petites tâches les étapes. Elle ne permet pas à l’élève d’identifier facilement les 2 aspects importants selon moi : le dessin doit ressembler à l’objet et il doit regrouper les informations pour le comprendre. La longueur de la grille n’incite pas l’élève à checker les différents points à la fin de son dessin.
Faire dessiner le cadre du dessin :
Pour aider à la structuration du dessin, en identifiant des zones pour le titre, les légendes et le grossissement, nous (j’ai toujours travaillé la compétence du dessin en concertation avec mes collègues de SVT) faisions construire le cadre par les élèves. Cela prenait vraiment beaucoup de temps.
Désormais, nous fournissons le cadre aux élèves de 6e et 5e, et laissons faire les 4e et 3e. Nous avons convenu avec les professeur.e.s de mathématiques qu’iels feraient dessiner le cadre par les élèves de 6e en cours de mathématiques, cela correspond bien au chapitre sur les parallèles et perpendiculaires.
Réfléchir en groupe aux critères de réalisation :
Pendant 2 ans, j’ai précédé le premier dessin d’observation par un séance de réflexion en groupe sur les critères à respecter. Outre le temps passé pour réaliser cette activité, j’ai été déçue par les productions des élèves et par leur appropriation ensuite lors de la réalisation des dessins en classe.
Commencer par un dessin qui nécessite une analyse :
Je commençais toujours par un dessin d’un objet qui me permettait d’apporter des connaissances aux élèves : graine, cellule … Le problème est que lors du premier dessin d’observation, sur une séance de 55 min, nous n’avons pas le temps de plus que de simplement réaliser le dessin de A à Z. J’ai donc décidé de réaliser un dessin qui ne nécessite pas de découvrir de nouvelles notions dont je vais avoir besoin tout de suite et qui nécessite un temps d’échange et d’analyse avec les élèves. Au contraire, il est plus facile de réinvestir des notions déjà vues. Nous dessinons un escargot et cela nous permet de réutiliser une clé d’identification, ici celle de Vigie Nature. Le dessin servira à ce moment là à retrouver les légendes des parties de l’escargot pour réaliser l’identification et le comptage.
Commencer par un dessin d’un objet observé au microscope :
Cela me parait tellement évident maintenant … mais j’ai plusieurs années de suite, en début de carrière, commencé par faire dessiner les élèves à l’issue d’une observation au microscope. Evidemment tout cela ne passe pas dans une seule séance… Bien séparer ces 2 exercices en 6è est vraiment indispensable.
Ma démarche actuelle :
Une fiche méthode à compléter ensemble lors du cours précédant :
Nous lisons la fiche méthode ensemble (qui se présente sous forme d’un livret A5 recto verso) et nous complétons la page 4 en barrant les propositions qui sont erronées et en entourant le bon exemple pour que les élèves puissent bien s’approprier les explications.
Un jeu des 7 différences :
Dans le plan de travail, les élèves ont un DM à réaliser qui consiste à trouver les différences entre 2 dessins, l’un qui sert de modèle, l’autre avec des erreurs. Je leur demande de réaliser ce DM juste après la séance où l’on a lu la fiche méthode. Ce jeu des différences est apprécié des élèves qui y ont souvent déjà joué sur un temps de loisir. Iels sont nombreux.ses à effectivement faire ce travail à la maison qui ne leur semble pas fastidieux.
Un premier dessin fait étape par étape ensemble :
Toutes mes séances de dessin se font en classe entière (sauf un dessin qui correspond à un choix d’élève entre 2 activités travaillant 2 compétences). Pour le premier dessin, je réalise au tableau un exemple étape par étape. Je réalise l’étape 1 : dessiner les contours de l’objet. Je leur montre comment je procède, trait par trait, pour que le dessin ressemble au maximum, comme si je dessinais le portrait de quelqu’un. Je montre comment je prends des repères de proportions, que je n’invente pas d’éléments que je ne vois pas. Les élèves réalisent à leur tour cette étape, je leur impose 2 minutes sans dessiner mais juste à observer puis 5 minutes minimum pour le dessin de l’escargot. Nous passons ensuite à l’étape 2 puis 3 etc…, je les sollicite parfois pour qu’iels me guident dans ce que je dois faire pour remobiliser ce que nous avons vu lors de l’étude de la fiche méthode, les élèves peuvent la consulter, elle est sur la table, à côté de leur feuille pour chaque dessin…
Un feedback immédiat :
Je passe comparer le dessin et l’objet à dessiner dans la séance pour pouvoir donner un retour à l’élève sur sa réalisation. Je coche la partie haute de la grille d’évaluation concernant la ressemblance entre le dessin et l’objet. L’élève peut corriger son travail directement lors de la séance si il reste assez de temps. J’en profite pour faire quelques retours aussi sur la qualité du tracé.
Lorsque nous en sommes à l’étape des légendes, du titre et du grossissement, je circule beaucoup quand les élèves réalisent pour corriger immédiatement les erreurs, guider, renvoyer vers la fiche méthode …
Une correction avec les critères à cocher :
Après que j’ai terminé l’évaluation de leur dessin en finissant de compléter la grille, chez moi, je leur rends leur travail. Les élèves corrigent leur dessin à partir d’une grille de critères à respecter. Ils sont guidés par la fiche d’évaluation qui repère les domaines à revoir. Nous faisons parfois des corrections croisées : un élève corrige le dessin d’un.e camarade de classe.
Maitrise de la compétence par mes élèves :
En ce milieu d’année, après 2 dessins d’observation (ou 3 pour les 6 élèves qui ont souhaité travailler cette compétence lors d’un choix d’activité), sur mes 47 élèves de 6e, 4 sont au niveau débutant, 20 sont au niveau apprenti, 19 au niveau confirmé et 3 au niveau expert (1 absente aux 2 activités).
C’est un ensemble très positif vu le profil de mes élèves et l’avancée dans la programmation annuelle. Les élèves vont réaliser encore 2 dessins d’ici la fin de l’année, donc de belles possibilités encore de progresser.
