Allophones : mes pistes

Contexte :

Depuis maintenant 4 ou 5 ans, nous accueillons dans notre établissement un nombre assez important d’élèves allophones, entre 30 et 50 élèves sur environ 500 élèves en filière générale. Aucune structure particulière à l’accueil de ces élèves n’était possible au delà de quelques heures de FLS, bien insuffisantes pour accompagner les élèves à la hauteur de leurs besoins (surtout quand la difficulté scolaire s’ajoute à l’apprentissage d’une nouvelle langue) et assurées par des personnels du collège non formés spécifiquement à ces missions. En 2024/2025, nous avons eu la chance d’avoir la présence d’un enseignant itinérant de FLS qui assurait plusieurs heures auprès de nos élèves. Malheureusement, cette solution n’a été que transitoire, puisque non reconduite à la prochaine rentrée. 

Au départ, particulièrement démunie – notamment avec les élèves  ukrainien.nes qui ne connaissent pas notre alphabet – j’ai vite tenté de trouver des solutions. 

Accueillir dignement

D’abord pour les accueillir comme il se doit, avec une attention particulière pour les élèves qui fuient un pays en guerre ou ayant une situation personnelle compliquée. 

Le déracinement est déjà compliqué à vivre, alors si en plus on arrive dans un établissement où on ne se sent pas accompagné.e, ce doit être terrible. 

Aussi, je nomme ou je recueille les volontaires pour être tuteur ou tutrice afin de proposer systématiquement un.e élève repère, qui guide, explique, accompagne les premiers moments de nos élèves allophones en classe. En 5e, connaissant une grande partie des élèves, je veille à ce que les élèves concerné.es soient capable de suivre le cours et en même temps d’assurer ce rôle.

Ensuite, pour les élèves dont je suis professeure principale, j’ai conçu un livret d’accueil afin d’avoir la traduction des mots usuels de l’école. Fonctionnant avec des volets à soulever (en collant la page 1 sur la 2 au niveau du titre ect…), ce livret est fabriqué avec un.e élève de la classe lors des temps de devoirs faits et/ou de vie de classe. Les mots sont prononcés plusieurs fois, l’élève a la possibilité d’écrire la traduction en dessous.

La partie « des mots de sciences » était ce que j’utilisais avant mon fonctionnement actuel.

Copie de Allophone par Ségolène PARIS-LEFEL

S'approprier un corpus de vocabulaire :

En 2024 – 2025, j’ai voulu offrir une vraie approche construite autour de l’acquisition du vocabulaire. 

Ainsi, pour chaque chapitre, j’isole 10 mots importants. Je construits un tableau que les élèves pourront compléter avec la traduction dans leur langue – et qui peut donc servir à tou.te.s les allophones, quelque soit leur langue maternelle. Je m’assure de la bonne compréhension (notamment suite à des erreurs avec les traducteurs) en ajoutant une phrase qui présente le mot de vocabulaire lorsque l’image seule ne permet pas de le comprendre ou lorsqu’il s’agit d’un terme plus spécifique. Un QR code renvoie vers une piste audio des mots lus.

Manipuler le vocabulaire

Une fois que les mots de vocabulaire ont été découverts, il s’agit maintenant pour les élèves de les reconnaitre et de savoir les utiliser en contexte. 

Voici donc un exemple d’activité où les élèves doivent associer des phrases, contenant les mots de vocabulaire travaillés, avec des images.

En fonction de leurs avancée dans la maitrise de la langue française, je propose ensuite 2 types d’exercices : le premier consiste à lister les mots de vocabulaire en lien avec une image, l’autre à rédiger ses propres phrases.

Adapter les activités

Une fois ce travail effectué, les élèves participent aux mêmes activités que les autres élèves avec des adaptations.

  • copie de l’activité traduite

Il est possible d’utiliser leur téléphone et/ou les ordinateurs disponibles dans ma salle pour traduire les supports. Je fournis, en plus de la version en français,  les documents traduits, grâce à l’option « documents » de Google translate qui conserve la mise en forme du document, et ce pendant les premières semaines, une autre façon de rassurer et d’accompagner en douceur l’arrivée de ces élèves.

  • consignes différentes

Lorsque la consigne des élèves est de rédiger une réponse, je demande souvent à mes élèves allophones de commencer par le faire dans leur langue maternelle afin de m’assurer qu’ils et elles ont bien compris la notion à travailler. Ensuite il leur reste à recopier la phrase traduite. 

  • supports différents
Pendant que la classe travaille sur les écosystèmes à partir d’une vidéo de Julie Amiel : https://scolawebtv.crdp-versailles.fr/?id=14530 , mes 2 élèves ukrainien.ne.s décrivent avec des mots en français les images obtenues par print screen de la vidéo et rédigent ensuite des phrases dans leur langue que nous traduisons afin de vérifier la compréhension de la notion à étudier.
  

Toutes ces pistes ne sont pas miraculeuses et seule une structure adaptée permet de vrais progrès. Mais à défaut, j’ai l’impression que ce fonctionnement permet une entrée progressive dans les apprentissages de sciences, sans forme de maltraitance par manque d’adaptation. 

N’hésitez pas en commentaire à me dire ce que vous mettez en place dans vos classes. 

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