L’enseignement explicite en questions

C'est quoi l'enseignement explicite ???

Si vous ne connaissez pas cette approche pédagogique, je vous conseille la lecture de cette synthèse du conseil scientifique ou visionner la vidéo de CanoTech ci-dessous : 

L'enseignement explicite en questions

L’enseignement explicite recoupe différents aspects que j’affectionne plus ou moins. Lorsqu’il s’agit de faire connaitre les objectifs d’apprentissages et les critères de réussite, là je suis emballée. Vous avez probablement déjà vu mon travail autour du passeport de compétences, un outil pour présenter les critères d’évaluation des différentes compétences travaillées … ou bien la préparation des élèves pour l’évaluation de leçon … pour ces côtés là, j’use et abuse de l’explicitation. 

Par contre la partie “modélisante” où l’on montre comment on procède en disant à voix haute le process utilisé, en mettant un haut parleur sur sa pensée, là, je suis plus partagée et j’utilise avec parcimonie. Le côté méta-cognition me plait, il nourrit le pourquoi faire et le comment faire. Mais, je n’aime pas trop cette idée de faire appliquer une procédure par les élèves, de façon mécanique. Je trouve cela peut engageant pour elles et eux, que ça ne travaille pas l’esprit critique, que les élèves ne construisent pas les essentiels et qu’en plus, il faut avoir une attention soutenue ce qui très difficile à obtenir de mes élèves (surtout si cela ne vient pas d’une situation problème qui suscite l’intérêt). C’est aussi assez réducteur d’un point de vue différenciation des apprentissages car je réduis le champs des possibles de mes élèves, je bride l’autonomie de résolution. Je présente une façon de faire, la mienne. Elle ne correspond pas à tout.es mes élèves. Elle va à l’encontre de ce qui est intéressant dans une tâche complexe : le tâtonnement et les différents chemins pour aboutir au résultat. Pour autant, parfois, dans certaines situation d’apprentissage, j’y ai recours car en ayant testé différentes approches, j’ai remarqué que c’était la meilleure, que c’est celle qui permettait les meilleurs apprentissages. 

Et puis, si on considère la succession des étapes de l’enseignement explicite, qui ne se résume pas au modelage, je trouve intéressant car cet enchainement amène l’enseignant.e à varier ses postures professionnelles : enseignement, accompagnement, lâcher prise. Les travaux de Dominique Bucheton nous montrent que c’est dans cette diversité de postures que l’on offre aux élèves les clés pour apprendre (mais dans le schéma préconstruit de l’enseignement explicite, il n’y a pas cet ajustement, c’est à dire de choisir la posture professionnelle adaptée à la situation, à ce qui a été dit et montré par les élèves et qui est l’essence même de notre métier).

 

Un exemple détaillé : le dessin d'observation

Dessiner ce que l’on voit est probablement un des exercices les plus difficiles que j’ai eu à transmettre à mes élèves. J’ai passé de nombreuses années à obtenir des résultats décevants lors de leurs travaux. Pourtant, c’est un exercice dans lequel j’ai été en échec longtemps dans mes études. J’ai une forme d’expérience de la difficulté éprouvée, que j’ai réussi à dépasser en ayant une sorte de déclic : je peux y arriver, c’est un apprentissage comme un autre, je vais accumuler des astuces et je vais y arriver. J’ai effectivement finalement maitrisé l’exercice.

Après avoir longtemps dit aux élèves “il faut dessiner ce que vous voyez, il faut faire comme un peintre qui fait un portrait, que ce soit le plus ressemblant possible”, j’ai un jour décidé de prendre la craie et de faire un exemple au tableau en énonçant à voix haute comment je m’y prenais. Puis les élèves faisaient à leur tour pendant que je circulais et donnais des conseils, illustrant mes propos avec des focus sur les dessins des élèves (cf – pratique guidée). Enfin, les élèves, lors d’une autre séance, réalisaient un autre dessin seul.es (cf – pratique autonome) . C’était en 2012, et je ne savais pas du tout ce qu’était l’enseignement explicite. 

Il y a 4 ans, quand j’ai lu des écrits sur cette méthode, j’y ai reconnu cette pratique. Depuis, je fonctionne toujours en commençant par dessiner moi-même au tableau, mais en procédant étapes par étapes et en laissant les élèves faire entre chacune d’elles. Voir retrouverez un article spécial sur mes pratiques concernant le dessin d’observation. 

Je vous donne ci-dessous des exemples des éléments que je donne à voix haute en faisant mon dessin, ce qui selon moi déclenche une meilleure appropriation de la technique. J’explique aussi aux élèves que j’ai été en difficulté sur cette compétence, que ce n’est pas une fatalité “je suis nulle en dessin”, que l’on peut apprendre en s’appropriant les bonnes pratiques. 

  • j’appuie très peu, comme ça je pourrai gommer
  • je commence par la forme générale
  • je fais trait par trait en regardant bien la direction prise par chaque trait, regardez là il faut que je remonte à peu près jusqu’ici, puis ça s’arrondit un peu…
  • je prends des repères pour les proportions. Par exemple, je vois que le premier tour de la coquille de l’escargot arrive environ à la moitié de la largeur…
  • je regarde si le trait dessiné ressemble, là je vois que j’ai été trop vers le haut, je gomme et je recommence
  • je fais en sorte d’arriver exactement sur le trait commencé, pour qu’on ait l’impression d’un seul trait
  • je n’invente rien, regardez là, la décoration de la coquille fait de petites vagues au début mais pas ensuite, je dois bien respecter cela.
  • je vois ici que la coquille est un peu cassée, c’est très intéressant à dessiner pour montrer que j’ai reproduis fidèlement les détails
  • les traits d’ornementation ne sont pas espacés de façon régulière. Je prends quelques repères pour voir où ils commencent, je mets un petit point pour bien m’en souvenir. 

Autres exemples

Analyse de graphique

J’utilise aussi l’enseignement explicite pour aider mes élèves à décrire l’évolution d’un paramètre représentée par un graphique. 

Je montre comment je lis le graphique, où je regarde pour comprendre ce que signifient les axes. Puis je décris la tendance de la courbe et je transforme cela en phrase qui concerne le paramètre étudié. Enfin, je montre comment justifier cela avec les valeurs du graphique ce qui me permet de verbaliser la façon de le lire. 

Evaluation du travail en autonomie

Lorsque je circule dans la classe, il m’arrive très souvent de faire un mini séance d’enseignement explicite si je vois qu’un.e élève n’a pas du tout compris ce qui était attendu pour la compétence travaillée. Je montre à l’élève comment je fais pour réaliser la tâche et je l’invite ensuite à refaire ce travail en notant sa réponse à l’écrit alors que je suis encore à côté d’elle, de lui. 

 

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