Concilier tissage et étayage et plan de travail

Contexte :

Alors que je fonctionne depuis 2 ans en “classe autonome” ou “plan de travail” (selon l’appellation qui  vous parle) toute l’année avec mes 6e et mes 5e, j’ai envie de partager avec vous comment j’essaie de concilier cette organisation de classe avec des temps de tissage et d’étayage. C’est en effet difficile, lorsque les élèves ne travaillent pas forcément sur la même activité, de “broder” pour faire du lien et donner du sens aux apprentissages. Pour autant, ce guidage de l’enseignant.e est essentiel, notamment pour les élèves les plus en difficulté. Dans cet article, je vous propose un focus sur les éléments de mon fonctionnement qui vont dans ce sens, que j’ai parfois mis en place dès le début de ma bascule en PDT ou plus récemment grâce à mes observations et adaptations nécessaires. Cela coïncide aussi avec le début de l’accompagnement de notre établissement par Dominique Bucheton, au mois de juin 2023, ce qui forcément me donne encore plus envie de creuser du côté des gestes professionnels. 

Suite à vos retours, j’ai ajouté des liens vers d’autres articles de mon blog qui présentent certains aspects de mon fonctionnement ainsi que la vidéo de présentation à destination des élèves et des familles. 

Tissage :

Ce que je comprends du tissage tel que D.Bucheton l’entend, c’est tout ce qui permet de donner du lien entre les différents éléments de la séance et de la séquence mais aussi avec le quotidien de l’élève pour donner du sens aux apprentissages. Expliciter ce que l’on va faire, ce que l’on a fait, ce que l’on cherche et pourquoi, ce qu’il nous reste à apprendre. raccrocher à ce que sait déjà l’élève, teaser la séance suivante… Donner de la cohérence à l’ensemble des activités qui constituent la séquence, réactiver ce qui a été vu et créer une transition entre les séances. Mais aussi prendre en compte ce que sont les élèves dans leur singularité, les débats qui animent la société, la culture…

Voici les éléments dans mon fonctionnement qui me permettent de travailler ce tissage : 

  • Quiz Plickers en début de séance, un quiz pour mettre tout de suite les élèves en activité cognitive, les embarquer dans une dynamique de travail et facilité la transition avec le avant la classe. Il me permet aussi de focaliser l’attention des élèves sur ce qui est important et ce qu’il faudra retenir, ce que l’on sait déjà
  • Scénarisation de la programmation annuelle pour donner du sens à la succession des chapitres (Etre un Robinson en 6e et une année avec les ODD en 5e)
  • Lecture des problèmes du PDT en début de chaque séance pour se rappeler de ce que l’on cherche, où l’on va. 
  • La fiche mémo pour noter au fur et à mesure ce qu’on a appris, à l’issue d’une activité, comme un bilan intermédiaire. Fiche qui sera réutilisée lors du bilan de fin de séquence. 
  • Un étape diagnostique pour recueillir les connaissances des élèves et que cela leur permette de déconstruire leurs représentations initiales puisque nous reprenons ces schémas/textes à la fin du PDT pour les corriger/compléter. (Activités “Ce que je sais déjà … ou pas !”)
  • Une situation problème pour lancer le PDT, éveiller la curiosité et engager les élèves. 
  • La dernière séance du PDT, séance d’institutionnalisation pour faire le bilan des apprentissages et dégager ce que l’on va retenir comme notions à mémoriser pour l’évaluations.
  • Un Bilan du PDT, étape de métacognition, avec recherche des acquis et des axes de travail à privilégier.
  • La possibilité de faire une 2ème chance pour l’évaluation de connaissances et donc partir de qui a été réussi lors de la première pour améliorer l’acquisition de ce qui reste à apprendre. 
  • Des échelles descriptives pour présenter les compétences pour que l’élève puisse en permanence voir ce qu’il ou elle sait faire et ce qui lui manque pour atteindre la marche suivante.
  • Un accompagnement individualisé puisque basé sur le travail de chacun.e et non pas en fonction de l’avancée du groupe ou plutôt de quelques un.e.s qui le font avancer. Feedback personnalisé. Le prof est à côté de et pas en face de. C’est une façon de bien connaitre les difficultés et les blocages de chacun.e des élèves. 
  • La mise à disposition de l’ensemble des activités et du choix de l’ordre pour les réaliser ce qui permet à l’élève d’avoir une vision globale et de susciter sa curiosité à partir du titre des activités (voir les séquences).

Etayage :

L’étayage correspond (toujours selon ce que j’en retiens… ) à l’accompagnement de l’enseignant.e pour aider les élèves dans leur démarche d’apprentissage. Il correspond au guidage lors d’échanges autour d’une notion pour creuser là où il y a un nœud pédagogique, à l’explicitation de la consigne, au modelage ou à la verbalisation par l’élève des procédures suivies, à apporter de l’aide en fonction des difficultés rencontrées par l’élève.

Pour rappel, si vous n’avez pas du tout lu D.Bucheton, les postures d’étayages sont multiples et permettent de rendre compte de la diversité des conduites de l’activité des élèves par les maîtres pendant la classe (d’après le site de l’Ifé )

Une posture de contrôle : elle vise à mettre en place un certain cadrage de la situation : par un pilotage serré de l’avancée des tâches, l’enseignant cherche à faire avancer tout le groupe en synchronie. 

Une posture d’accompagnement : le maître apporte, de manière latérale, une aide ponctuelle, en partie individuelle en partie collective, en fonction de l’avancée de la tâche et des obstacles à surmonter. 

Une posture de lâcher-prise : l’enseignant assigne aux élèves la responsabilité de leur travail et l’autorisation à expérimenter les chemins qu’ils choisissent. 

Une posture de sur-étayage ou contre-étayage : variante de la posture de contrôle, le maître pour avancer plus vite, si la nécessité s’impose, peut aller jusqu’à faire à la place de l’élève. 

Une posture d’enseignement : l’enseignant formule, structure les savoirs, les normes, en fait éventuellement la démonstration. 

Une posture dite du « magicien » : par des jeux, des gestes théâtraux, des récits frappants, l’enseignant capte momentanément l’attention des élèves

Voici les éléments dans mon fonctionnement qui me permettent de travailler cet étayage : 

  • Déclinaison des activités selon 4 niveaux de difficulté : les aides disponibles permettent que chaque élève puisse dépasser une difficulté face à une compétence (mais sans le biais de donner des tâches de bas niveaux aux plus faibles puisque les aides sont données seulement si l’élève ne sait pas faire et que tout le monde commence par une activité au niveau confirmé voire expert).
  • Reformulation de la consigne par un.e élève du groupe si besoin lorsque les élèves m’appellent parce qu’ils ou elles sont bloqué.e.s.
  • Accompagnement individualisé pour guider les élèves et feedback personnalisé puisque de nombreuses séances où je suis à côté de et non pas en face de (voir les séquences).
  • Possibilité d’aller à son propre rythme. 
  • Utilisation du carr’aide pour que les élèves fassent appel à moi en fonction de leur besoin d’aide. On travaille aussi ensemble cette autonomie d’être capable de demander de l’aide, cela ne va pas de soi. 
  • Mise à disposition d’activités ludiques facultatives pour réviser la leçon qui permettent aux élèves en difficulté de s’entrainer sans s’en rendre compte.  
  • Séance en classe entière pour certaines activités où j’ai besoin de cadrer la situation voire de faire un modelage (par exemple pour l’utilisation du microscope en 6e, pour analyser une expérience …) .
  • Explicitations, formulation et/ou aide à la formulation et démonstration des savoirs lors de la séance de fin du PDT en classe entière.
  • Table d’accompagnement pour les élèves qui ont besoin d’aide pour la mise au travail.
  • Utilisation de jeux pédagogiques (et de leur débriefing) et immersion dans un thème engageant pour entrer dans la posture du magicien.
  •  Plan de travail “tuto” en début d’année pour aider les élèves à s’approprier le fonctionnement de la classe + mise à disposition d’un petit mémo des règles de la classe sur la table en début d’année (en 6e et en 5e).
  • Autonomie au cœur du dispositif pour permettre à chaque élève d’avancer seul.e si il ou elle n’a pas besoin d’aide et de me dégager du temps pour les autres qui en ont besoin

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